La nuit des étoiles filantes

J’adore me promener sans lampe dans la nuit noire. Oh, ça n’est pas trop compliqué, il suffit que la vue se fasse à l’obscurité. Il faut d’abord s’éloigner de toute source de lumière. Alors évidemment, au début, on trébuche un peu, on ne s’aperçoit des obstacles que quand le pied a rencontré le vide ou a buté dans un caillou un peu plus haut que les autres. Mais une fois qu’on est vraiment dans le noir, on s’arrête quelques instants, on peut aussi s’asseoir, le temps que la vue s’habitue à ce nouvel environnement.

Le pêcheur de nacres

Fermer les yeux. Fort. Trouver le sommeil. Sombrer dans la léthargie, le coma. Jusqu’à ce qu’elle soit là auprès de moi. Qu’elle m’entoure de ses bras, qu’elle me dise : « Je suis de retour ». Et jusque-là, dormir.

La princesse et le chevalier

Tu sais, j’ai rêvé d’elle, la nuit dernière.

C’était un rêve incroyable, tellement réel ; et foudroyant de vitesse et d’intensité, comme un éclair aussitôt apparu, aussitôt terminé. Quand la seule chose qui reste, c’est l’empreinte sur l’iris, la trace fantomatique de la zébrure de lumière qui déchira les ténèbres.

J’ai donné ton vélo

J’ai donné ton vélo, mon amour. Tu sais, celui avec des freins et des vitesses comme papa ; celui que je t’avais offert quand tu as décidé d’abandonner les petites roulettes de l’apprentissage. Je me souviens de ton hurlement de joie lors de ton anniversaire, de ton envie de l’essayer tout de suite. Je n’ai pas su te rattraper ce jour là, quand tu es partie dans la pente devant le garage, et que tu ne savais pas encore te servir de tes nouveaux freins. Je me souviens de ton cri, de ma chemise entièrement tâchée de ton sang. Je revois ton visage affolé alors que nous nous faisions face sous la chaleur étouffante du champ opératoire. Moi qui te parlais, et toi qui pleurais. Je tenais tes mains dans les miennes, j’embrassais le sel des larmes qui inondaient ton visage, pendant que le chirurgien recousait ton front ouvert.

Une araignée au plafond

Deux heures et demi du matin. J’ouvre un œil. Télécommande : je fais disparaître la mire de la télé. Je m’extrais du canapé. Je titube un peu, la marche est pénible. Je me traîne jusqu’à la chambre. Attention, pas d’agression pour mon esprit embrumé, pour mes yeux embués : lumière douce, lampe de chevet. Le lit, enfin : je m’allonge sur le dos, et c’est là que je le vois. Posé sur la moustiquaire, un mètre au dessus de mon visage, tenu par deux bougies qui font masse pour éviter qu’il ne s’envole, elle m’a laissé un dessin.