Le Gradient

Classé numéro 1 dans les causes de cratères

C’est le sujet d’un grand nombre de fantasmes et l’excuse préférée des pilotes quand ils font un cratère à l’atterro. Voyons un peu ce qu’il en est.

Qu'est-ce que c'est ?

Le gradient de vent est le phénomène qui fait qu’en s’approchant de certains atterros, le vent diminue fortement en quelques mètres d’altitude. En cela, il peut s’assimiler à une rafale de dos. Cependant, il ne faudra pas perdre de vue que le gradient peut être beaucoup plus violent qu’une simple rafale rencontrée dans le ciel, donc que ses effets peuvent montrer plus d’amplitude, et surtout que cela se passe près du sol.

Comme on l’a vu dans le chapitre des rafales, le problème, c’est que notre incidence augmente, mais qu’on subit un allègement dans les commandes. Si on a pris l’habitude de piloter “à poids constant” dans les commandes, le réflexe sera de baisser les mains, ce qui augmentera encore plus l’incidence.

Alors que faut-il faire ?

Que faire ?

Nous allons décomposer les différentes étapes d’une entrée dans du gradient à l’atterro, et passer en revue le comportement de notre voile et les actions de pilotage à mettre en place.

Phase 1

Tu es en finale

Mécavol

Rien de particulier. Vol droit stabilisé.

Pilotage

Mains hautes, aux poulies ou au contact, selon la turbulence du jour.

Phase 2

Entrée dans le gradient

Mécavol

Augmentation de l’incidence. La voile va chercher à retrouver son incidence optimale, et va donc abattre.

Pilotage

Reste mains hautes, malgré le ramollissement dans les commandes !

Phase 3

Dans l’abattée

Mécavol

La voile s’est arrêtée d’abattre, et par simple rappel pendulaire, tu vas repasser dessous.

Pilotage

Reste mains hautes  (encore)… Mais prépare-toi à piloter.

Phase 4

Le flare

Mécavol

Dans le rappel pendulaire, la voile ralentit, alors que la vitesse du pilote augmente.

Pilotage

Dose finement ton freinage, pour harmoniser vitesses aile et pilote, ce qui devrait te procurer un joli flare…

Phase 5

Poser

Mécavol

RAS

Pilotage

Freinage final à doser finement, selon l’énergie accumulée dans les phases 3 et 4. Plus il y a d’énergie, plus notre ressource sera importante.

Pourquoi le gradient fait-il peur ?

Eh bien parce que dans la première partie, je t’ai montré le gradient idéal, à la bonne hauteur, qui te permet de poser « petite fleur » avec la classe internationale. Et ça n’est malheureusement pas toujours le cas. Si la zone de gradient est plus haute, tu auras juste un mouvement de tangage, et tu n’auras plus qu’à reprendre une finale classique. Mais si le gradient est plus bas… Aïe ! Regardons ce qu’il se passe.

Dans un gradient plus bas, on voit que tu vas poser juste après la phase 3, c’est à dire dans le rappel pendulaire, au moment où tu subiras le pire des taux de chute, et la plus grande vitesse sur axe. Que te reste-t’il à faire ? Pas grand chose : freine à bloc en arrivant au sol, et prépare-toi à amortir le choc plus brutal qu’à l’habitude…

Les autres dangers du gradient

On l’a vu, l’entrée dans du gradient provoque une augmentation de l’incidence. Plus le gradient est fort, plus l’augmentation est importante. Sur un terrain où tu suspectes du gradient, tu éviteras donc tout pilotage qui peut augmenter encore l’incidence (freins, oreilles, sortie sellette), et surtout le cumul de plusieurs de ces facteurs.

J’ai déjà vu un pilote décrocher à 8m sol, sorti de sa sellette, aux oreilles avec commandes en dragonnes (donc avec du frein), juste en entrant dans un gradient puissant (atterro du Col de Bleyne). Voilà de quoi faire réfléchir !

Rassure-toi, je n’ai vu ça qu’une fois en quelques milliers d’heure de vol. Ça n’est donc pas si commun… Mais par contre, les cratères sont eux innombrables ! Alors entraine-toi à arriver mains hautes en finale, à bien analyser les mouvements de tangage de ta voile et à savoir quoi faire selon la hauteur de ton gradient. Bons atterros !

2 commentaires

Fra Bo · 20 avril 2022 à 20:28

Approche avec fort gradient de vent: Il me semble de plus en plus difficile de gérer ces approches avec les voiles modernes ( EN A, EN B, EN B+).
Je dois faire des approches sur des sites dans des petites clairières avec foret dense devant par vent de 25 -30 km/h à 25 m et 0 km/h au sol , en zone de déclenchement thermique , y compris sur les arbres. Bon pas facile c’est vrai…
On dit qu’il faudrait sortir de la sellette assez tôt, (ceci permet d’avoir les jambes disponible c’est vrai), en principe sortir de la sellette augmente la trainée en bas et donc produit un léger piqué du para par effet pendulaire, l’incidence devrait donc diminuer en théorie, je n’observe pas cela…
Vous préconisez le contraire avec raison , mais pourquoi aérodynamiquement ?

Ma technique actuelle contre toutes les théories apprises : Freins hauts, Accélérer au pied immédiatement ( 60 %) si la voile se cabre, et l’obliger à prendre de la vitesse jusque près du sol et faire un arrondi avec relaché simultané de l’accélérateur. La synchronisation est délicate mais possible, j’ai alors enfin un arrondi « potable ». Voile Ozone Geo 6, Nova Mentor 4 , mais aussi Masala 2 et 3 ( ces dernières manue d’arrondi en situation normale déjà…)

    Gilles · 25 avril 2022 à 10:01

    Salut,

    D’abord ma réponse sur ton changement d’incidence : tu dis que sortir de ta sellette fait diminuer ton incidence à cause du léger piqué de ta voile. Tu as sans doute raison de considérer que tu as un léger piqué. Cependant l’augmentation de la trainée produit une diminution de la vitesse horizontale, et donc une inflexion de la trajectoire vers la bas, et donc une augmentation de ton incidence qui -à mon humble avis- est plus importante que la diminution par le piqué créé par le différentiel de trainée voile-pilote. Je pense donc que sortir de sa sellette fait globalement augmenter l’incidence.

    Maintenant, parlons de ta technique à l’accélérateur. C’est une très bonne technique, mais qui doit être réservée à des pilotes « experts ». D’abord parce qu’il est hors de question d’arriver en finale à l’accélérateur (surtout sur les atterros turbulents que tu décris). Ensuite parce qu’il faut être capable de ressentir le moment exact de l’entrée en gradient pour ne pousser sur le barreau qu’à ce moment précis.

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